Smart Skin Technologies prouve qu’il ne faut pas nécessairement avoir la peau dure pour réussir en affaires

- Fredericton, Nouveau-Brunswick

Dans le monde des affaires, on conseille souvent aux entrepreneurs d’avoir la peau dure, c’est-à-dire d’apprendre à rester stoïque face à la critique. Pour survivre, une entreprise doit impérativement tirer une leçon des commentaires qu’on lui adresse, et faire preuve de ténacité et de dynamisme, sans quoi une idée brillante pourrait bien ne jamais se concrétiser. Pourtant, à Fredericton (Nouveau-Brunswick), Smart Skin Technologies (Smart Skin) semble l’avoir démenti, en montrant qu’une peau, même mince, est aussi bonne pour les entrepreneurs.

En effet, Smart Skin a mis au point puis commercialisé un capteur dont la « fine peau », sensible à la pression, aide les plus grandes marques internationales de boisson à repérer les problèmes sur leurs chaînes d’embouteillage ou de mise en conserve, en vue de réduire les bris au minimum, d’accroître la productivité et de diminuer les temps morts.

La même technologie a depuis peu été adaptée par quelques-unes des plus importantes sociétés pharmaceutiques de la planète qui produisent et empaquètent des vaccins contre un ensemble de virus, y compris le SRAS-CoV-2. Bien que l’attention suscitée par la pandémie de COVID-19 se soit en grande partie concentrée sur l’efficacité des vaccins à venir, la technologie de Smart Skin propose une solution à une facette cruciale du problème.

Cette transformation en service essentiel ne s’est pas réalisée en un jour. Le chemin a été parsemé d’embûches. Pour arriver à ce point, il aura fallu de l’intuition, de la détermination, beaucoup de R-D et un brin de chance, mais aussi les conseils avisés et un soutien adapté de la part du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI CNRC).

Les premiers pas

Kumaran Thillainadarajah, directeur technique de Smart Skin, présente la technologie de captage de l’entreprise réduite aux dimensions d’un emballage pharmaceutique.

Smart Skin s’est adressé au PARI CNRC en vue d’obtenir son assistance pour la première fois en 2009. Développée par son directeur technique, Kumaran Thillainadarajah, la technologie de Smart Skin devait initialement rendre l’impression du toucher à ceux qui portent une prothèse en couvrant celle-ci d’un épiderme artificiel. Malheureusement, l’entreprise n’avait qu’un maigre budget à sa disposition pour mettre au point cette technologie.

« À l’époque, soutirer de l’argent à des investisseurs privés uniquement pour créer une plateforme technologique était impensable », se souvient M. Thillainadarajah. « Il nous fallait d’autres sources pour investir dans la recherche-développement de pointe au Canada. C’est pourquoi nous avons songé au PARI CNRC. »

La démarche a été le point de départ d’une longue relation avec l’entreprise — une relation qui allait s’étendre sur plus de 10 ans, le PARI CNRC fournissant un large éventail de services de conseil tout en soutenant 9 projets de R-D. Chaque succès a contribué à la croissance de Smart Skin : passage de 4 employés en 2011 à 30 employés aujourd’hui, doublement du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise pendant 3 ans, et identification de perspectives de croissance substantielle pour l’avenir.

Jean Desrosiers, le conseiller en technologie industrielle (CTI) du PARI CNRC attaché à Smart Skin depuis 2015, parle des premiers projets lancés par l’entreprise. « À l’origine, les projets que nous avons financés se concentraient sur la technologie de la peau artificielle pour prothèses. Nous avons fourni des conseils et des fonds pour aider Smart Skin à se constituer un effectif en engageant de jeunes professionnels qui l’assisteraient en R-D. Au fil des ans, chaque projet a permis à l’entreprise d’avancer dans son évolution. »

M. Thillainadarajah abonde dans le même sens. « Une jeune entreprise innove constamment et s’efforce de mettre en marché une nouvelle technologie aussi vite que possible. Le PARI CNRC en a tenu compte à nos débuts et nous a été d’un grand secours les premières années d’expansion. Séduire de nouveaux investisseurs s’est avéré plus aisé, car le soutien du PARI CNRC instille la confiance. »

Une technologie révolutionnaire sur un nouveau marché

En 2015, la découverte d’un débouché a amorcé une véritable métamorphose pour Smart Skin : sa technologie pouvait s’appliquer à l’industrie de l’embouteillage et de l’emballage.

« Nous avons compris que nous avions la formidable occasion d’aider notre clientèle à déterminer exactement où les produits se brisaient ou étaient endommagés sur la chaîne d’emballage », reprend M. Thillainadarajah.

Pour faciliter la transition, Smart Skin s’est à nouveau tourné vers le PARI CNRC, en le priant d’assister l’entreprise pour qu’elle développe sa nouvelle technologie d’embouteillage.

Le capteur ultra mince de Smart Skin, appliqué à un drone qui déterminera et quantifiera les points de stress et les faiblesses de la chaîne de fabrication.

Smart Skin a commencé par recouvrir de sa peau artificielle un « simulacre de bouteille » — ou drone — que l’on poserait sur la courroie transporteuse, dans l’usine d’embouteillage. Doté de milliers de capteurs de pression indépendants en surface, le drone s’est mué en outil de diagnostic, jaugeant et établissant les endroits de la chaîne qui étaient soumis à un stress excessif ou présentaient des faiblesses. Cela a offert aux embouteilleurs une solution unique pour améliorer le rendement de leurs opérations et minimiser les pertes qui résultent du bris en cours de production.

Le projet de Smart Skin a remporté un succès retentissant et l’entreprise a plus que doublé son chiffre d’affaires en un an. Des prix prestigieux ont également couronné l’entreprise. Ainsi, Coca-Cola l’a désignée « fournisseur de l’année » plusieurs années de suite.

« Le PARI CNRC nous a vraiment aidés à préciser notre portefeuille, à prendre de l’expansion, à avoir des produits prêts quand le client en a besoin et à régler beaucoup plus de problèmes que nous aurions pu le faire autrement. »
Kumaran Thillainadarajah,
directeur technique, Smart Skin Technologies

Un autre projet du PARI CNRC a permis à l’entreprise de perfectionner ses capteurs en y ajoutant de nouveaux points de saisie pour permettre aux clients d’utiliser le drone Smart Skin avec des modules plus spécialisés de la chaîne de production. L’entreprise continue d’innover pour que son produit établisse un diagnostic et s’adapte aux particularités de l’équipement spécialisé.

Les SaaS, source de revenus supplémentaire

Après un tel succès, il est vite apparu qu’il existait d’autres façons d’augmenter le chiffre d’affaires.

Au départ, le drone de Smart Skin venait avec un logiciel que l’on installait chez le client pour qu’il y ait plus facilement accès. Si la clientèle pouvait alors aisément s’en servir ou le partager, la solution compliquait la tâche de Smart Skin sur le plan du soutien technique, car elle nécessitait plus de visites en personne en cas de pépin. Le produit avait la cote, mais il devait de plus en plus être reconfiguré selon l’envergure des opérations du client.

Le problème a exigé une rencontre avec 4 CTI du PARI CNRC, qui se sont mis à la tâche pour trouver la façon dont Smart Skin pourrait récolter les avantages commerciaux de sa technologie tout en laissant le client adapter le procédé à ses produits et à sa chaîne d’emballage. L’exercice a amené l’entreprise à amorcer un important virage dans ses activités. Elle s’est tournée vers une stratégie de plateforme en nuage axée sur le modèle SaaS (logiciel en tant que service). Résultat? Non seulement Smart Skin a-t-il vu ses rentrées connaître une hausse appréciable, mais l’entreprise a, du même coup, accru la fiabilité de son produit et le degré de satisfaction de sa clientèle.

Répondre aux nouveaux besoins du marché

À l’automne 2018, Smart Skin s’est lancée dans un projet sur un autre nouveau marché, marquant ainsi une autre étape importante dans l’évolution de l’entreprise. En effet, après avoir obtenu près de trois millions de dollars du PARI CNRC et recueilli d’importants investissements de plusieurs sociétés privées, dont la multinationale Schott Glass, Smart Skin voit maintenant quelques-unes des plus grandes sociétés pharmaceutiques de la planète adopter sa technologie.

En l’espace d’à peine 24 mois, le nombre de clients de l’entreprise dans l’industrie pharmaceutique est passé de zéro à quinze, une véritable prouesse. La rapidité avec laquelle ce secteur épouse la technologie Smart Skin

« L’industrie du verre pharmaceutique a toujours misé sur une prudence excessive », explique M. Desrosiers. « Les risques qu’un contenant se casse et que se perde le précieux produit qu’il renferme ne manquent pas. L’industrie se démène pour assurer le contrôle de la qualité et a compris qu’elle pourrait optimiser son rendement en instaurant de meilleurs procédés pour détecter les problèmes susceptibles d’affecter la qualité du produit. »

Le nouveau projet de R-D perfectionnera la technologie de Smart Skin afin de permettre la manipulation de récipients plus petits et plus légers que jamais.

« Fondamentalement, nous avons pris la même technologie que pour l’industrie de l’embouteillage en l’appliquant à un flacon, à une ampoule ou à une seringue de la grosseur de l’auriculaire », déclare M. Thillainadarajah. « Nous ignorions si les fonctionnalités pouvaient être miniaturisées à ce point. La tâche s’est avérée extrêmement ardue, mais nous avons créé des capteurs que nous croyions irréalisables jusque-là. »

« Quand l’industrie du verre pharmaceutique a approché Smart Skin, l’entreprise a vécu un moment charnière », raconte M. Desrosiers. « Au moment où il a démarré, le projet était l’un des plus ambitieux que le PARI CNRC a soutenu. Il était vraiment stimulant, car le champ d’activité de l’entreprise pouvait changer du tout au tout. Le projet illustre parfaitement le chemin parcouru par Smart Skin depuis ses débuts et comment une aide et une orientation graduelles du PARI CNRC aident les entreprises à saisir les occasions lorsqu’elles se présentent, pour les faire croître d’une manière que l’on n’aurait jamais cru possible. »

M. Thillainadarajah en convient. « Au cours de la dernière décennie, notre expansion a été étroitement liée à notre capacité à mettre au point de nouvelles technologies qui règlent des problèmes auxquels d’autres, sur le marché, ne se sont pas encore attaqués. En résumé, nous ne serions jamais arrivés où nous en sommes sans l’appui du PARI CNRC. »

Des solutions canadiennes à des problèmes mondiaux

Smart Skin a déjà mérité des louanges pour avoir appliqué sa technologie à l’industrie pharmaceutique. Ainsi, en 2020, elle a reçu le prix PharmaPack de « meilleure innovation en machinerie » à Paris.

L’année 2021 verra sans doute se déployer la plus vaste campagne de vaccination de l’histoire de l’humanité et Smart Skin illustre bien comment le Canada et les Canadiens répondent à la pandémie en innovant et en mettant leurs idées et leurs technologies au service de la santé afin de préserver des vies.

Si les clients de Smart Skin se sont adaptés à la COVID-19, l’entreprise, elle, s’est adaptée à eux en devenant un service essentiel qui les aide à maintenir leurs installations en activité. Face au succès remporté par tant de vaccins, l’attention a d’ores et déjà bifurqué vers la production de masse et l’assurance que la moindre goutte du précieux liquide parviendra à ceux et celles qui en ont besoin, de façon aussi sécuritaire que fiable.

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