Le Centre de production de produits biologiques s'est rapproché un peu plus du grand jour : celui où Santé Canada inspectera l'installation avant de lui accorder sa licence d'établissement de produits pharmaceutiques. Après des préparatifs qui ont duré des mois, l'équipe a finalement complété les exigences qui verront la qualification du système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) de l'installation.
Un établissement doit être mis en service, qualifié et validé pour prouver que les activités qui s'y déroulent et dont la production d'un vaccin marque l'aboutissement adhèrent en permanence aux contraintes rigoureuses des bonnes pratiques de fabrication (BPF). Ces tests et analyses rigoureux et fastidieux sont essentiels pour que le Centre de production de produits biologiques réponde aux normes les plus strictes en matière de production de vaccins.
Pour y arriver, on doit notamment montrer que les conditions dans l'installation resteront optimales, de manière à garantir l'innocuité du produit final. Vérifier ces conditions est ce que l'on appelle la « qualification de performance ». Pareille qualification exige que le système CVC réussisse trois séries d'essais statiques (à l'état inactif) et autant d'essais dynamiques (en activité).
Que teste-t-on, au juste?
Lors de chaque période d'essai, on prélève des échantillons à des endroits précis, puis on les analyse afin de déterminer la quantité de particules et de microorganismes ainsi qu'établir la température, le degré d'humidité et la pression. Durant les essais statiques, on vérifie s'il y a de la poussière, des moisissures et d'autres particules sur tout ce qu'abrite la salle blanche. Pour cela, les spécialistes déposent des boîtes de collecte (elles ressemblent à des boîtes de Pétri) à différents emplacements, dans la pièce, avant de les récupérer au bout d'un certain temps, après que la poussière s'y sera déposée. Ensuite, des analystes examinent le contenu de la boîte pour savoir combien de microorganismes seraient présents dans la pièce lors des activités normales.
On cherche deux sortes de particules : les particules non viables, c'est-à-dire celles privées de vie comme la poussière et les fibres de vêtements, et les particules viables, c'est-à-dire des organismes vivants, telles les bactéries et les moisissures. Des seuils très stricts ne peuvent être dépassés dans chaque cas, dans la salle blanche.
Essais statiques et dynamiques
Le système CVC devrait pouvoir recréer de parfaites conditions ambiantes dans la salle blanche vide. Cela ne reflèterait toutefois pas la réalité pendant la fabrication du vaccin, car des gens occuperont les lieux et y travailleront, bavarderont, s'y déplaceront. Ces personnes et leurs activités auront donc une incidence sur l'environnement immédiat. C'est pourquoi le système CVC doit aussi subir des essais dynamiques avant d'obtenir sa qualification de performance.
Vous vous demanderez sûrement : comment peut-on tester exactement les conditions ambiantes pendant la production du vaccin si l'installation n'en fabrique pas encore? La réponse est : en demandant aux experts en biofabrication de participer à une simulation de chaque étape du travail qu'ils effectueront.
Après avoir suivi à la lettre les techniques d'habillage et de désinfection, le nombre exact de personnes qui travailleront dans la salle blanche entreprennent avec précision leurs tâches, conformément aux procédures opérationnelles normalisées, afin de simuler les conditions véritables associées à la fabrication du vaccin.
Il faut une chorégraphie précise pour que le test reproduise avec exactitude la situation comme elle le sera dans la réalité et faire en sorte que le nombre de particules recueillies corresponde bien à celui que l'on découvrirait pendant la production du vaccin. Beaucoup de procédés ou de systèmes indépendants, comme le système CVC, doivent fonctionner correctement au moment voulu.
L'équipe doit se vêtir — un processus complexe en soi, car il suppose la traversée de plusieurs sas entre les zones classifiées et celles qui ne le sont pas. Il faut également préparer l'équipement nécessaire pour la production et l'échantillonnage. Le nettoyage doit être parfaitement minuté lui aussi afin que les échantillons soient prélevés à différents intervalles, moments de la journée et jours de la semaine.
Des chiffres qui en disent long
Demander à des experts de haut calibre de simuler la fabrication d'un vaccin pourrait sembler futile. Pourtant, cette performance doit être exécutée avec une précision absolue, car le moindre écart significatif dans les résultats déclenchera une enquête interne pour expliquer cet écart. L'équipe responsable de la qualification devrait alors proposer des correctifs, les évaluer, les approuver, les mettre en place puis les étayer avant que les essais puissent reprendre du début.
Pour que le système CVC obtienne la qualification de performance dynamique, les essais doivent être repris trois fois, avec rotation fréquente des boîtes de collecte, afin que le moindre recoin soit testé et que les conditions dans la salle blanche demeurent impeccables.
Les spécialistes du Centre de production de produits biologiques ont achevé les essais sur le système CVC au printemps 2022. La qualification de performance dynamique aura nécessité le prélèvement de 5 070 échantillons sur 2 325 surfaces, à 1 160 endroits.
En plus de contrôler les surfaces, les experts ont également déposé de petites sondes baptisées « enregistreurs de données » dans les pièces, lors des essais statiques et dynamiques, afin de vérifier la température, le taux d'humidité et la pression dans la pièce, à intervalles réguliers, et d'en établir l'uniformité dans le temps.
La documentation
Chaque étape, chaque test, chaque résultat des essais statiques et dynamiques de qualification de performance sont méticuleusement consignés par les experts en biofabrication dans le cadre du processus général de mise en service, qualification et validation du Centre de production de produits biologiques, exigence qui doit être respectée avant que Santé Canada accorde sa licence d'établissement de produits pharmaceutiques.
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Mise à jour :
- Le 1er avril 2023, Centre de production de produits biologiques (CPPB) inc., société à but non lucratif, a assumé la responsabilité de l'exploitation du Centre de production de produits biologiques.
- Le 5 août 2022, Santé Canada a accordé au Centre de fabrication de produits biologiques une licence d'établissement de produits pharmaceutiques.
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