Former la prochaine génération de scientifiques : chercheurs du CNRC et étudiants autochtones de premier cycle conjuguent leurs efforts dans la lutte aux problèmes environnementaux

- Edmonton, Alberta

Les domaines des sciences, de la technologie, d'ingénierie et des mathématiques (STIM) ont depuis fort longtemps de la difficulté à attirer et à retenir des étudiants issus de la diversité. Au Canada, selon les données du Recensement de 2016 de Statistique Canada sur l'identité autochtone et les domaines d'étude, les diplômés autochtones sont deux fois moins susceptibles de détenir un diplôme d'études postsecondaires en STIM comparativement aux étudiants non autochtones.

Pour accroître la diversité au sein des STIM, l'Université de l'Alberta (site en anglais seulement) vient de lancer le programme I-STEAM, un parcours d'études en environnement et un programme de recherche pour étudiants autochtones de premier cycle (en anglais seulement). Le parcours I-STEAM offre aux étudiants issus de la communauté des Premières Nations, des Métis et des Inuits des possibilités d'apprentissage expérientiel interdisciplinaires dans un large éventail de domaines environnementaux.

Lorsqu'Andrew Myles, directeur de la R-D au CNRC, et Adam Bergren, agent de recherches principal au Centre de recherche en nanotechnologie, ont appris l'existence du programme I-STEAM Pathways, ils ont immédiatement vu dans ce programme une incroyable occasion de s'engager.

« Le CNRC a déjà en place des initiatives complémentaires à I-STEAM, explique Myles. Cependant, nous avons décidé de saisir l'occasion qui nous était offerte de promouvoir et d'appuyer une initiative albertaine fantastique qui possédait déjà toute la crédibilité voulue et dans laquelle les étudiants autochtones avaient confiance. »

En 2022, Bergren a donc saisi l'occasion qui lui était offerte de mentorer un étudiant du programme I-STEAM et est impatient de voir un plus grand nombre de ses collègues du CNRC emboîter le pas. « Il est crucial que les chercheurs du CNRC s'engagent dans des programmes comme I-STEAM, parce que nous formons actuellement la prochaine génération, affirme t il. Les programmes de ce genre représentent la meilleure occasion qui puisse s'offrir à nous de nous attaquer à des problèmes comme le changement climatique tout en mettant sur pied des espaces de recherche plus inclusifs. Ce programme a transformé ma propre perception de la recherche. »

Quelques-uns des étudiants du programme I-STEAM qui ont travaillé sur des projets de recherche du CNRC posant avec Adam Bergren, chercheur principal en nanotechnologie. De gauche à droite : Jordan Eleniak, Adam Bergren, Marlee Willier, Valerie Willier et Kai Ulrich.

Quelques-uns des étudiants du programme I-STEAM qui ont travaillé sur des projets de recherche du CNRC posant avec Adam Bergren, chercheur principal en nanotechnologie, lors de la célébration de la recherche autochtone estivale, organisée par l'I-STEAM à l'Université de l'Alberta en août. De gauche à droite : Jordan Eleniak, Adam Bergren, Marlee Willier, Valerie Willier et Kai Ulrich.

Cet été, grâce au projet pilote de recrutement d'étudiants autochtones du CNRC, les étudiants d'I-STEAM ont eu la chance de travailler sur 5 projets différents du CNRC. Des plans d'extension sont en cours pour rendre I-STEAM accessible aux 14 centres de recherche du CNRC.

Kobe Currie : « Je souhaite aider les communautés des Premières Nations en Alberta à avoir accès à de l'eau potable. »

Kobe Currie étudie à l'Université de l'Alberta et en est à la quatrième année de sa majeure en études anglaises. Iel a travaillé avec Andrew Myles à la création d'un capteur qui permettra de détecter en temps réel la présence de toxines dans les cours d'eau. Dans le cadre d'un stage estival, Kobe Currie a tissé des liens avec des communautés et des leaders autochtones susceptibles d'utiliser les capteurs et de formuler des commentaires à l'équipe. Iel a aussi créé du contenu diffusé sur les médias sociaux afin d'inciter les jeunes Autochtones à s'engager dans la protection du territoire.

En temps normal, puisqu'iel appartient à la faculté des arts, Kobe Currie n'aurait jamais eu la possibilité d'interagir avec des chercheurs dans un laboratoire et iel n'aurait probablement jamais envisagé un travail en STIM. « Ma participation au programme I-STEAM m'a inspiré à poursuivre une carrière en communications, un parcours jusqu'alors insoupçonné. »

Le programme I-STEAM ne fait pas que susciter l'intérêt des étudiants pour les STIM et la protection de l'environnement. Il offre aussi aux chercheurs du CNRC une excellente occasion d'en apprendre davantage sur les enjeux actuels et historiques auxquels se heurtent les communautés autochtones.

« Plutôt que de hiérarchiser la vie sur terre en plaçant l'humain au sommet de la pyramide, les Autochtones privilégient une vision plus circulaire du monde, explique Myles. Cette perception du monde a complètement changé ma vision de la recherche environnementale. Nous faisons partie de la nature au même titre que l'air, l'eau et la terre. Il s'ensuit que la santé de l'environnement est intrinsèquement liée à notre propre santé. »

Kobe Currie a également enseigné à Myles l'importance de protéger la terre et la responsabilité qu'iel ressent en sa qualité de dépositaire du territoire. « En tant que Cri de la nation Maskwacis, j'estime qu'il m'incombe personnellement de redonner à la Terre un peu de ce que j'ai reçu. Mon vœu le plus cher est d'aider les communautés des Premières Nations albertaines à avoir accès à de l'eau potable saine. »

Kai Ulrich : « Le programme I-STEAM facilite la création de liens avec des mentors capables de vous orienter et de vous parrainer. »

Kai Ulrich, étudiant de première année en psychologie à l'Université de l'Alberta, a été mentoré par Marla Desat, agente de sensibilisation technique au Centre de recherche en construction du CNRC, et a travaillé au sein de l'équipe de l'harmonisation et des initiatives spéciales. Il a participé à un projet de recherche sur les politiques publiques ayant pour objet d'établir comment mieux communiquer avec les communautés autochtones, s'engager auprès d'elles et échanger avec elles sur des questions comme les codes du bâtiment et le changement climatique.

Kai Ulrich a aussi mis à contribution son expérience et son éducation dans l'élaboration d'une stratégie d'engagement auprès des Autochtones. « Ma famille est issue de la nation métisse albertaine de Buffalo Lake et de la nation crie d'Onion Lake. J'ai donc été élevé en communion avec la nature. Mes grands-parents étaient conservationnistes. J'ai aidé l'équipe du CNRC à comprendre avec plus de clarté les communautés autochtones, les cérémonies culturelles et la manière dont les communautés autochtones voient l'environnement. »

Comme Kobe Currie, il a aussi le sentiment que le programme I-STEAM lui a offert de nouvelles perspectives de carrière. « Le travail en laboratoire sous supervision n'est pas une expérience typique pour des étudiants de premier cycle. Le programme I-STEAM aide à tisser des liens avec des mentors qui peuvent ensuite vous encadrer et vous parrainer si jamais vous choisissez de poursuivre des études de deuxième et de troisième cycle. »

Jordan Eleniak : « Le programme I-STEAM montre aux étudiants autochtones que leur bagage de connaissances peut être utile à la science et qu'ils peuvent ensuite à leur tour mettre les connaissances scientifiques et technologiques acquises au service de leur communauté. »

Ayant grandi au sein de la nation métisse du Lac-La-Biche dans la zone 1 de l'Alberta, Jordan Eleniak a vécu de première main les conséquences d'un bassin hydrographique contaminé. « Aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu sur les rives du lac au bord duquel j'ai grandi des panneaux prévenant les passants du danger causé par la présence d'algues bleues. Les gens de mon peuple souhaitaient simplement avoir à proximité un endroit non contaminé où nager et pêcher en toute sécurité. »

Étudiant en génie à l'Université de l'Alberta, Jordan Eleniak a travaillé tout l'été avec Adam Bergren. Il a construit et testé des piles à combustible biologique utilisées dans des applications de télésurveillance environnementale. « J'ai eu la chance de me rendre par voie aérienne à l'Île-du-Prince-Édouard et d'y travailler avec des employés d'Environnement et Changement climatique Canada et de Pêches et Océans Canada à l'installation d'une pile sur un site que ces ministères souhaitaient surveiller. »

Jordan Eleniak a toujours eu une passion pour l'environnement et la technologie. Jamais il n'aurait pensé atteindre son objectif de travailler dans le domaine environnemental dès sa première année à l'université. « Lorsque je me suis inscrit à mon programme, mon objectif était d'en apprendre le plus possible sur les capteurs afin de travailler un jour dans le domaine de la protection de l'environnement. Le programme I-STEAM m'a permis d'atteindre cet objectif très tôt dans mon parcours. Ce programme montre aux étudiants autochtones qu'ils peuvent mettre leurs connaissances au service de la science, et ensuite, apporter à leur tour les bienfaits de la science et de la technologie dans leur communauté. »

Les étudiants du programme I-STEAM

Les étudiants du programme I-STEAM à la célébration de la recherche estivale autochtone 2023, un évènement organisé par le programme I-STEAM à l'Université de l'Alberta en août.

Pour ces étudiants du programme I-STEAM, cet été dans l'univers de la recherche scientifique s'est terminé le vendredi 25 août 2023. Ce jour-là, ils ont présenté leurs résultats sur des affiches dans le cadre des célébrations de la recherche estivale autochtone 2023, un évènement organisé par le programme I-STEAM à l'Université de l'Alberta.

Vous aimeriez participer à une expérience transformationnelle? Les étudiants désireux de soumettre une demande dans le cadre du programme I-STEAM (en anglais seulement) pour l'été 2024 pourront soumettre leur candidature pour l'obtention d'un stage dès la mi-décembre 2023.

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