Les auteurs de science-fiction du XXe siècle ont souvent peuplé leurs récits de voitures volantes et d'automobiles à conduite autonome. Même si nous n'en sommes pas encore tout à fait là, des chercheurs du Centre de recherche en aérospatiale (AÉRO) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) sont sur la bonne voie de concrétiser cette vision. En mars 2022, ils ont entamé la première phase des essais en vol d'un hélicoptère autonome dans le cadre de leur projet intitulé « Démonstration canadienne de décollage vertical autonome (CVLAD) ».
Tout comme pour l'intégration des voitures à conduite autonome, l'industrie aérospatiale doit procéder à l'ajout de systèmes de vol autonomes, une étape (ou plutôt, une caractéristique) à la fois. C'est pourquoi des éléments tels que le régulateur de vitesse adaptatif ou les systèmes d'avertissement de changement de voie, deux composantes conçues pour la conduite autonome, ont été graduellement intégrés à de nombreux nouveaux modèles de voitures au cours des dernières années. Cette lente progression montre aux consommateurs que l'autonomie n'est pas tant dangereuse ou risquée qu'il y paraît!
Aussi est-ce cette même approche que souhaite adopter le projet de démonstration de vol vertical autonome du CNRC. Notre équipe de recherche innovante travaille avec des pilotes expérimentés du CNRC pour incorporer prudemment de petits éléments de la technologie autonome dans notre hélicoptère Bell 412, afin de démontrer de la manière la plus transparente possible comment la technologie est appliquée et mise à l'essai en toute sécurité à chaque étape du processus. Nous avons commencé par créer une architecture logicielle et matérielle qui a été intégrée au Bell 412 pour les essais en vol en cours.
Avec ces essais en vol, nous testons en premier lieu la base ou l'épine dorsale du système de conduite autonome de l'hélicoptère, afin de nous assurer que ce dernier peut naviguer seul, décoller d'une rampe de lancement, suivre un circuit planifié et revenir se poser en toute sécurité, en évitant plusieurs obstacles dans la zone d'atterrissage. Une étape importante a été franchie récemment lorsque l'équipe a effectué un vol complètement autonome, une première au Canada pour un hélicoptère de transport. Un pilote était à bord par mesure de sécurité, mais le système a fonctionné sans aucun problème.
Derek « Duff » Gowanlock, le gestionnaire du projet pour le CNRC, qualifie cette démarche graduelle pour élargir le champ d'action des systèmes de vol autonomes d'approche « rampe-marche-court ». Elle permet au gouvernement et à l'industrie d'accroître les capacités des modèles d'avions nouveaux et existants, tout en réduisant le nombre de pilotes à bord. Cela ne signifie pas pour autant que cette technologie éliminera totalement le besoin de pilotes, mais plutôt qu'elle réduira leur charge de travail et améliorera la capacité du système à collaborer de manière efficace et efficiente avec ceux-ci. Dans l'état actuel du développement de la technologie, la conduite autonome nécessitera une supervision pendant de nombreuses années encore, à mesure que la confiance et les capacités d'autonomie s'accroîtront.
L'équipe de projet vise à appliquer ce type de technologie autonome à plus grande échelle dans l'ensemble de l'industrie, afin de permettre au secteur de l'aviation de confier à des systèmes autonomes la réalisation de tâches ennuyeuses ou potentiellement dangereuses qui traditionnellement sont effectuées par des humains. Un système autonome prend des décisions qui sont normalement du ressort d'un être humain, ce qui nécessite à la fois la confiance du public et une réglementation pour soutenir l'intégration de systèmes autonomes à des applications commerciales et militaires ainsi que des applications de la vie courante.
L'un des principaux collaborateurs est Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC), l'organisation scientifique et technologique du ministère de la Défense nationale (MDN), qui a été chargée de guider le processus de développement technologique et de veiller à ce que les exigences communes soient respectées, notamment celles de l'Aviation royale du Canada (ARC). Non seulement le projet CVLAD fait progresser l'innovation canadienne, mais il renforce les capacités de navigation des hélicoptères de l'ARC dans les « environnements dégradés » que l'on retrouve typiquement dans l'Arctique ou dans les déserts, et où la visibilité est réduite par des voiles blancs ou des voiles bruns. Pour cette raison, le MDN fera parfois référence à ce projet comme étant le projet ATHOPeD (Advanced Tactical Helicopter Operations in Degraded Environments).
Ce projet unique est également lié à Transports Canada et au directeur de Navigabilité aérienne et soutien technique de la Défense nationale, qui sont responsables de l'établissement des règles de certification et de navigabilité pour l'aviation civile et militaire, respectivement. Ensemble, nous jetons les bases d'une nouvelle réglementation pour le vol autonome supervisé afin de garantir la sécurité des Canadiens et Canadiennes.
Il est temps de ramper-marcher-courir tout droit vers l'année 2062!
Démonstration canadienne de décollage vertical autonome
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