Les brise-lames écologiques font double emploi en accueillant la vie marine

- Ottawa, Ontario

Deux hommes installant des infrastructures en béton le long de l'océan
ECOncrete a travaillé avec le port de San Diego pour concevoir une unité de blindage à couche unique qui apporte un soutien structurel et fournit un habitat indigène à l'enrochement existant. Dans deux sections pilotes, 74 unités Coastalock ont été placées pour imiter les habitats de marée et de grotte pour la vie marine locale.
Photo : ECOncrete

Les structures en béton qui protègent le rivage contre l'érosion le font parfois au détriment des écosystèmes locaux. Bien qu'elles consolident la côte, elles en modifient aussi l'environnement. Construites de béton ordinaire, ces structures libèrent en effet des produits chimiques qui acidifient l'eau. Les mélanges de béton bio-amélioré et les blocs aux formes inédites, en revanche, pourraient accueillir la nature dans cet environnement bâti, là où l'on a besoin d'elle.

Fait sur mesure pour soutenir les écosystèmes locaux

Entreprise spécialisée dans les technologies marines, ECOncrete a spécialement façonné des blocs en béton écologique pour procurer un habitat aux formes de vie aquatiques. De concert avec le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et l'Université d'Ottawa, elle étudie maintenant la résistance de ces blocs aux assauts de la mer et à l'élévation du niveau de l'eau.

« Il ne s'agit pas de simples cubes. Les blocs d'ECOncrete présentent toutes sortes de cavités et une surface complexe », explique Scott Baker, ingénieur côtier au Centre de recherche en génie océanique, côtier et fluvial.

Installation en béton le long de l'océan couverte de biodiversité
Les unités Coastalock sont maintenant couvertes de biodiversité 35 mois après leur installation
Photo : ECOncrete

« Ainsi, l'on y trouve un très grand trou qui se transformera en grotte sous-marine. Orientée vers le haut, cette cavité créera une bâche qui, à marée haute, pourrait être totalement submergée, mais où l'eau demeurera, à marée basse », poursuit-il, ajoutant que les perforations qui traversent le bloc constituent autant de tunnels miniatures dans lesquels se réfugieront les créatures marines.

Par leur texture particulière, ces blocs aident aussi les organismes marins à se fixer à leur surface. Selon l'ingénieur, quelques mois dans l'océan suffisent pour que la vie s'y accroche et efface la grisaille du béton en le colorant.

Les spécialistes du CNRC mettent les blocs à l'essai dans ses installations de renommée mondiale

En collaborant avec nous, ECOncrete profite du grand canal à houle du centre de recherche, à Ottawa, pour mettre ses blocs physiquement à l'épreuve.

Infrastructure en béton testée dans un bassin d'eau
Un modèle réduit de brise-lames, blindé avec des unités Coastalock, est testé pour évaluer sa performance dans des conditions de tempête sévère. Le bac vert recueille le débordement des vagues afin que nous puissions mesurer avec précision la quantité d'eau qui passe par-dessus la crête de la structure.
Photo : Dogac Sayar, étudiant à l'Université d'Ottawa

M. Baker et Dogac Sayar, l'étudiant en doctorat de l'Université d'Ottawa qu'il encadre avec le professeur Ioan Nistor pour évaluer la performance et l'efficacité des blocs d'ECOncrete, ont fabriqué la maquette d'un brise-lame revêtu d'un simulacre des blocs. Ensuite, ils se sont servis du modèle pour tester celui-ci dans une multitude de conditions, notamment différentes hausses du niveau de la mer et des vagues de taille variée. Parallèlement, l'équipe a examiné comment l'espacement des unités, la grosseur de l'enrochement servant d'assise au brise-lame et la hauteur globale de l'ouvrage affectent la stabilité de ce dernier.

Selon M. Baker, on pourrait ériger de telles structures écologiques sur toutes les côtes du monde. « Certes, la construction de brise-lames pour protéger le littoral se poursuivra dans l'avenir, mais il faut songer à la manière dont on pourrait intégrer la nature à leur conception pour la mettre à notre service. »

« Travailler avec la nature ne peut être que bénéfique, peu importe l'endroit. Lorsqu'une solution entièrement naturelle est irréalisable, il convient de se demander si l'on pourrait marier l'environnement naturel et l'environnement bâti afin qu'ils coopèrent aussi efficacement que possible. Ce projet est un pas dans cette direction. »

Scott Baker, ingénieur côtier au centre de recherche en génie océanique, côtier et fluvial

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