Zahra Shayegan, Ph. D.

- Vancouver, Colombie-Britannique

Pour la chercheuse Zahra Shayegan (Ph. D.), travailler au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) est un « rêve devenu réalité ».

« Cela me donne l'occasion unique de faire passer la recherche du laboratoire au marché, là où les gens peuvent en tirer parti », confie Zahra, qui a rejoint le CNRC en octobre de cette année en tant que première lauréate de la bourse de recherche postdoctorale Luise et Gerhard Herzberg du CNRC. Cette bourse est octroyée tous les ans à une personne qui s'identifie comme femme et qui a obtenu son doctorat depuis peu, et dont les recherches se démarquent par leur excellence.

Une spécialiste en matériaux qui se passionne pour l'environnement

Au programme Défi « Matériaux pour combustibles propres » du CNRC, Mme Shayegan apporte un bagage de connaissances impressionnant dans le domaine du génie environnemental.

Après avoir terminé un baccalauréat et une maîtrise en génie chimique en Iran, la chercheuse a entamé un doctorat à l'Université Concordia durant lequel elle a mis au point un photocatalyseur qui décompose les polluants de manière extrêmement efficace et rehausse la qualité de l'air intérieur. Ses travaux exceptionnels lui ont d'ailleurs valu la médaille d'or académique du gouverneur général du Canada ainsi que le prix de l'Université Concordia pour un doctorat en génie et en informatique.

Mme Shayegan a passé une partie de son doctorat en Suisse pour maîtriser les nouvelles techniques enseignées à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) ainsi qu'à l'institut Empa, réputé dans les sciences et les technologies des matériaux. Parallèlement, elle a collaboré avec l'équipe du CNRC qui se penche sur la qualité de l'air intérieur, à Ottawa, en approfondissant des techniques de purification de l'air écoénergétiques.

Avant d'obtenir la bourse Herzberg, la chercheuse avait déjà reçu une bourse du Fonds de recherche du Québec et une autre du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada. Durant ce temps, elle a perfectionné son savoir-faire en science des matériaux comme boursière postdoctorale à l'Institut national de recherche scientifique de Montréal, où elle s'est attachée à fabriquer des matériaux de pointe à l'échelle nanométrique.

Membre de l'équipe de Shiqiang Hui (Ph. D.), au Centre de recherche sur l'énergie, les mines et l'environnement de Vancouver, Mme Shayegan mettra à profit son expertise à l'étude des catalyseurs activés par la lumière et s'efforcera de faire progresser les énergies propres en produisant de l'hydrogène grâce à des procédés photochimiques actionnés par le soleil.

Trouver sa voie en génie

Selon Mme Shayegan, c'est son goût pour les mathématiques et la physique au secondaire qui l'a incitée à entreprendre des études en génie chimique, même si l'on persiste à croire que ce domaine n'est pas fait pour les filles. Déterminée à faire démentir cette croyance, elle a persévéré et découvert que son éducation en génie chimique lui permettrait de s'attaquer aux enjeux environnementaux qui l'interpellent, malgré les liens qui unissent depuis toujours le génie chimique à l'industrie pétrochimique.

« Lorsque j'ai commencé à étudier le génie chimique, je n'imaginais jamais que j'aurais l'occasion d'appliquer mes connaissances en génie des matériaux puis en génie environnemental de cette façon », avoue-t-elle.

Certes, elle convient que les femmes sont encore peu nombreuses dans la recherche en génie, surtout aux échelons supérieurs, mais elle a constaté que l'on déploie plus d'efforts pour encourager les personnes de sexe féminin à poursuivre des études en STIM, surtout au Canada. Malheureusement, la sous-représentation des femmes dans son domaine se manifeste parfois de manière incongrue. Ainsi, elle se souvient avoir dû se servir d'une pièce d'équipement beaucoup trop grosse pour elle, au laboratoire, et été contrainte d'exécuter une manœuvre digne d'une acrobate en glissant un échantillon à un bout de l'appareil tout en essayant d'observer le résultat à travers un hublot hors de sa portée.

« Quand j'en ai parlé au personnel du laboratoire, on m'a répondu que le problème n'était encore jamais survenu. Sans doute parce que la plupart de ceux qui utilisaient la machine étaient des hommes. »

Hommage à un legs scientifique

La bourse de recherche postdoctorale Luise et Gerhard Herzberg du CNRC commémore les contributions de Luise et de Gerhard Herzberg à la science.

Agnes Herzberg (Ph. D.), fille des 2 scientifiques, estime que « le Conseil national de recherches du Canada a dédié cette bourse postdoctorale à [ses] parents pour leur rendre hommage et faire en sorte qu'on ne les oublie pas en l'accordant aux étudiants les plus brillants du pays ». Mme Herzberg est professeure émérite au département de mathématiques et de statistique de l'Université Queen's.

Zahra Shayegan est la première lauréate de la bourse de recherche postdoctorale Luise et Gerhard Herzberg du CNRC.