Suprarecyclage des résidus de poisson et de fruits de mer

- Ketch Harbour, Nouvelle-Écosse

Des scientifiques du CNRC font de ces déchets une source de revenus

Sur un poste de travail de laboratoire vu d'en haut, 3 têtes de saumon reposent sur un plateau près de 3 éprouvettes pleines de liquide coloré, d'un petit récipient en métal et d'un écran d'ordinateur.

Des têtes de saumons venant d'une pisciculture sont transformées en produits à valeur ajoutée (peptides, huiles et polysaccharides) par hydrolyse grâce à des extraits enzymatiques qui résistent au froid, à la station de recherche maritime du CNRC de Ketch Harbour, en Nouvelle-Écosse.

Quand vous terminez une grosse assiettée de moules cuites à la vapeur, vous demandez-vous ce qui adviendra des coquilles? Et quand vous savourez un filet de saumon sur planche, songez-vous aux parties qui n'aboutissent pas dans votre assiette? Bien sûr que non. Après tout, ce ne sont que des rebuts. Ou le sont-ils vraiment?

Des scientifiques du Centre de recherche en développement des cultures et des ressources aquatiques du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) créent de la valeur à partir de résidus de poisson et de fruits de mer (suprarecyclage). En collaboration avec l'Université Memorial de Terre-Neuve dans le cadre du programme Océans du CNRC, ils cherchent des façons de transformer efficacement de tels déchets en produits de valeur commerciale.

Les résidus de poisson et de fruits de mer regorgent d'acides aminés, ou peptides, aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, ce qui en fait une véritable richesse naturelle. Ainsi, on ajoute couramment des peptides aux aliments pour animaux afin de les rendre plus nourrissants, mais aussi pour enrichir les produits de santé naturels.

Avec pour mission de trouver de nouveaux produits commerciaux de valeur d'origine marine, une équipe de recherche du CNRC s'est intéressée aux parties du poisson mises au rebut.

« Les peptides sont précieux et le commerce s'y intéresse. En les extrayant directement des résidus de poisson et de fruits de mer, nous espérons engendrer de nouvelles sources de revenus pour les industries canadiennes de la pêche et de l'aquaculture », explique Zied Khiari (Ph. D.), agent de recherches du Centre de recherche en développement des cultures et des ressources aquatiques. « Bref, il s'agit de tirer quelque chose d'utile des déchets. »

Un nouveau procédé aux vertus écologiques

Vue latérale d'un poste de travail de laboratoire montrant 3 têtes de saumon posées sur un plateau et une main gantée tenant 3 éprouvettes pleines de liquide coloré, près d'un récipient rempli de boue.

Un scientifique montre les produits à valeur ajoutée (peptides, huiles et polysaccharides) récupérés des résidus de poisson grâce à l'hydrolyse et à des extraits enzymatiques résistant au froid, à la station de recherche maritime du CNRC de Ketch Harbour, en Nouvelle-Écosse.

Les peptides si précieux que renferment le poisson et les fruits de mer sont libérés quand des enzymes spécifiques appelés protéases brisent les protéines. Jusqu'à présent, les scientifiques se procuraient les protéases auprès de fournisseurs commerciaux. Malheureusement, les produits de ce genre coûtent cher et ne sont pas toujours faciles à trouver. M. Khiari et les membres de son équipe cherchent donc des façons plus faciles et moins coûteuses de s'en procurer.

Le côté ironique de la chose est que les protéases existent à l'état naturel chez les poissons, les mollusques et les crustacés. En fait, ces enzymes expliquent pourquoi ce qui vient de la mer perd si rapidement sa fraîcheur. « Même au réfrigérateur, le poisson et les fruits de mer se gâtent assez vite, soit en quelques jours, déclare M. Khiari, car les protéases continuent de détériorer les protéines à basse température. »

L'équipe de M. Khiari a mis au point une technologie qui utilise efficacement les protéases naturelles pour extraire les peptides des restes de poisson et de fruits de mer. « En manipulant ces enzymes, on parvient à extraire les fameux peptides beaucoup mieux sans que cela coûte très cher. C'est l'illustration quasi parfaite d'un procédé écologique. »

L'équipe de l'Université Memorial est d'accord. « Mes collègues et moi cherchions à innover pour transformer les résidus des pêches et de l'industrie forestière en produits de valeur », raconte Kelly Hawboldt (Ph. D.), qui enseigne au Département de génie chimique et des procédés de l'Université Memorial. « Cette collaboration s'est avérée très fructueuse. Avant de nous associer au CNRC, nous devions acheter des enzymes sur le marché pour convertir nos rebuts en produits à valeur ajoutée. Grâce à ce projet, nous avons adopté une approche vraiment circulaire en utilisant les enzymes présents dans les abats de poisson pour conditionner un autre rebut : les coquilles de moules. »

M. Khiari croit que ce projet n'est qu'un début et qu'on découvrira d'autres produits de valeur dans l'océan. « En misant sur des procédés écologiques comme le nôtre, ce qu'on estimait autrefois sans valeur deviendra une véritable ressource, affirme-t-il. Il suffit d'apprendre à l'exploiter efficacement. »

En appui à Supergrappe des océans du Canada (en anglais seulement), le programme Océans aide à réunir le réseau national de chercheurs et d'installations du CNRC avec des partenaires de l'industrie, du milieu universitaire et du gouvernement afin de résoudre certains des défis les plus pressants touchant les océans et de soutenir la croissance de l'économie bleue durable du Canada. Les travaux de recherche-développement collaborative du programme Océans sont financés dans le cadre du Programme de collaboration en science, en technologie et en innovation, qui est administré par le Bureau national des programmes.

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