Les personnes atteintes de troubles cognitifs légers peuvent encore acquérir des habitudes pour mieux gérer leur quotidien.
Oublier d'aller chercher ses vêtements chez le nettoyeur. Ne plus se souvenir du nom de son nouveau dentiste. Ne plus savoir comment bien mettre son masque pour se protéger contre le coronavirus. Entre 15 % et 20 % des personnes de 65 ans et plus éprouvent des symptômes de cette nature qui sont parfois les signes précurseurs de troubles cognitifs légers (TCL).
Bien que les TCL ne compromettent pas l'autonomie des personnes touchées, l'accumulation d'épisodes crée parfois chez elles de l'angoisse et du stress. Ces épisodes sont aussi parfois les premiers signes de démence ou de la maladie d'Alzheimer, des affections irréversibles. Heureusement, les personnes touchées peuvent acquérir de nouvelles méthodes de mémorisation pour mieux gérer leur quotidien, et ces outils qu'elles apprendront à maîtriser au début de leurs pertes cognitives continueront de leur servir lorsque leurs problèmes s'intensifieront.
Une intervention non pharmacologique émergente (la formation cognitive) aide en effet les aînés à pallier leurs problèmes cognitifs au moyen de stratégies d'optimisation de la mémoire. Conçu il y a 15 ans par Sylvie Belleville, professeure à l'Université de Montréal et directrice scientifique du Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM), le programme MEMO génère des changements neuronaux qui aident les personnes souffrant de TCL à mieux gérer leurs pertes cognitives.
« Le cerveau des personnes atteintes de troubles cognitifs légers conserve une certaine plasticité; il est malléable », explique Sylvie Belleville, qui est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale. « Ces personnes ont donc encore la capacité d'assimiler de nouvelles méthodes pour mémoriser les éléments d'information nécessaires afin de vaquer à leurs activités au quotidien. » Il est par conséquent possible de leur apprendre à mieux faire face aux difficultés de la vie courante.
La réalité virtuelle (RV), pour un entraînement de la mémoire plus réaliste
La concentration est essentielle à la mémorisation. Le programme MEMO cible donc l'acquisition de techniques de mémorisation et de concentration. Le programme se limitait au départ à une formation en personne donnée par des cliniciens, mais le développement d'une version Web à niveaux multiples a beaucoup accru son accessibilité. Au centre de recherche, les participants au programme effectuent des exercices conventionnels sur papier à partir de listes et d'images qu'ils peuvent ensuite refaire à la maison pour s'entraîner.
« Les sujets de nos tests nous ont dit que même s'ils s'entraînaient à appliquer les stratégies apprises en classe à la maison, ils n'ont pas constaté d'améliorations notables au quotidien, comme dans la gestion de leurs finances, ajoute Belleville. Ce résultat est parfaitement compréhensible, car le contexte où se donne la formation est très différent de la vie réelle et il est par conséquent difficile pour les sujets de transposer ce qu'ils y ont appris dans leur quotidien. » Les salles de cours sont en effet tranquilles et l'environnement y est contrôlé, tandis qu'une épicerie sera souvent bruyante et comportera de multiples sources de distraction.
Les participants au programme demandaient des exercices plus réalistes. La chercheuse et son équipe ont donc sollicité l'aide du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) pour développer une version en réalité virtuelle (RV) du programme MEMO. Ce système immerge les participants dans des environnements tridimensionnels comme une épicerie, un appartement ou une autre situation sociale. La plateforme permet par ailleurs aux chercheurs d'assurer un suivi avant, pendant et après les différents exercices.
« Cette collaboration a donné lieu à un arrimage idéal : je possédais déjà certaines compétences en RV et en entraînement de la mémoire, indique-t-elle. En ajoutant l'expérience considérable du CNRC dans la création de plateformes de RV, il devenait possible de créer des modules de formation d'une qualité optimale. »
Selon Anne Cabral, agente de recherches au Centre de recherche sur les dispositifs médicaux du CNRC, l'équipe multidisciplinaire de la réalité virtuelle est à la convergence des recherches en médecine et en génie. « Au fil des ans, nous avons développé des logiciels de RV, des capteurs et d'autres éléments de base. Nous n'avons plus à bâtir les plateformes à partir de rien, indique-t-elle. Grâce à notre connaissance approfondie des contraintes, des limites et des exigences liées aux plateformes à usage médical, il est plus facile et plus rapide pour nous de remettre à nos clients des produits complets parfaitement adaptés à leurs besoins. »
Dans le cadre du projet MEMO, l'équipe de Cabral crée le contenu, adapte les niveaux d'interactivité en fonction des participants, et définit et préserve des indicateurs objectifs. Pour s'assurer de l'utilité et de l'efficience du logiciel de RV, les équipes du CNRC et du CRIUGM demeurent en contact constant. Grâce à son approche polyvalente et évolutive en matière de recherche et de développement, l'équipe du CNRC s'assure que l'application peut être ajustée en fonction des besoins et contraintes qui surgiront en cours de projet, notamment son utilisation sans la présence d'un formateur.
Entrevoir l'avenir réel
Ce projet de cinq ans a pour objectif d'améliorer le quotidien des personnes atteintes de TCL en faisant en sorte que la plateforme MEMO soit accessible aux habitants des régions éloignées ou aux personnes à mobilité réduite. On espère qu'il leur sera éventuellement possible d'accéder aux modules de RV par téléphone cellulaire, iPad ou au moyen d'autres dispositifs.
Sylvie Belleville souligne que les outils développés par le CNRC sont « magnifiques et très près de la réalité ». Les casques de RV de la nouvelle génération sont légers et confortables, et le logiciel du CNRC y présente un monde virtuel plus réaliste que jamais. Ce réalisme aide énormément les participants à transposer leurs expériences virtuelles dans le monde réel.
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