Des produits biologiques de fabrication canadienne pour des retombées mondiales

- Montreal, Québec

Le vecteur lentiviral du CNRC contribuera à faire progresser la recherche sur le cancer dans le monde entier

lower half of syringe being inserted into one of the wells of a six well plate containing pink liquid

L’immunothérapie est indéniablement le développement le plus passionnant dans le traitement du cancer depuis des décennies, ajoutant une nouvelle option aux 3 stratégies de traitement traditionnelles que sont la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie.
Elle utilise les propres cellules immunitaires des patients pour attaquer et tuer les cellules cancéreuses dans leur corps. Et bien que les immunothérapies comme la thérapie CAR-T soient, pour la plupart, encore au stade des essais cliniques, elles ont montré un grand succès chez les patients qui ont épuisé toutes les autres options de traitement.

Voici comment cela fonctionne. Les cellules immunitaires d’une personne atteinte d’un cancer sont prélevées et acheminées au laboratoire où elles sont reprogrammées pour cibler les cellules cancéreuses. Ces cellules immunitaires renforcées sont ensuite réinjectées dans son corps où elles atteindront le site du cancer à l’aide d’un vecteur viral.

Les vecteurs viraux sont des particules virales qui sont sans danger et qui servent de vecteur aux cellules immunitaires renforcées. Un type particulier de virus, les lentivirus, est le vecteur viral équivalent d’un avion. D’autres « véhicules » peuvent transmettre la même information, mais le vecteur lentivirus est l’outil de transmission le plus rapide, le plus polyvalent et le plus efficace. Les vecteurs lentiviraux sont maintenant mondialement reconnus comme des composants importants des produits biologiques actuels.

Cependant, tout comme les voyages en avion nécessitent une compréhension commune du temps requis pour parcourir les pays et les langues, les progrès de la recherche dans le domaine de la santé reposent sur des méthodes normalisées et reproductibles d’évaluation des nouveaux traitements médicaux.

Voici le défi. Il existe de nombreuses applications pour les vecteurs lentiviraux et de nombreuses façons de les produire. « Même dans le même laboratoire, la concentration d’un même stock de lentivirus peut varier entre utilisateurs. La différence d’un laboratoire à l’autre peut être encore plus marquée », explique Aziza Pryska Manceur, agente de recherches au Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine du CNRC.

Malgré la vaste utilisation des lentivirus dans les produits biologiques, il n’existe actuellement aucun langage commun pour communiquer la quantité et la qualité des vecteurs lentiviraux utilisés. Et si nous évaluons les résultats de différents traitements médicaux, la moindre variation dans la méthode d’administration peut rendre la comparaison extrêmement difficile. « Il serait beaucoup plus facile de comparer l’efficacité des immunothérapies si nous disposions d’un vecteur commun accepté comme référence », explique Aziza.

Établir une norme mondiale pour la recherche en immunothérapie

Pour contribuer à résoudre ce problème mondial, le CNRC a mis au point un vecteur lentiviral invariabilisé et prévoit de le mettre à la disposition des laboratoires de recherche du Canada et du monde entier.

Aziza et sa collègue du CNRC, Anja Rodenbrock, ont dirigé un projet sur la production d’un vecteur lentiviral pouvant servir de matériel de référence dans tous les laboratoires menant des recherches à l’aide de ces vecteurs viraux.

three well plates lined up with samples on a metal conveyor

Pour que l’utilisation de nouveaux produits biologiques soit approuvée, chaque dose doit être exactement la même, de manière précise et mesurable. La qualité des produits biologiques dépend donc fortement de la manière dont le procédé de production peut être reproduit à différentes échelles. Avec des résultats de tests plus facilement comparables, il sera plus facile pour les autorités de réglementation d’évaluer les procédés de production et de prendre des décisions sur l’approbation des immunothérapies en vue de leur utilisation en milieu clinique.

Pour obtenir ces résultats comparables, Aziza et son équipe ont décidé de se mettre au vert, comme elle l’explique. « Nous avons produit 100 litres de lentivirus dans notre laboratoire. Notre vecteur lentiviral est doté d’une étiquette fluorescente verte, qui est facilement mesurable et aidera les laboratoires de R-D à comparer leurs résultats avec d’autres. »

L’équipe d’Aziza a ensuite transféré la production du lentivirus à ses collègues de l’équipe de purification, Mehul Patel et Sushma Puttaswamaiah, qui ont ensuite purifié et concentré ces 100 litres en un peu plus de 4,5 litres, soit 18 sacs de 250 ml chacun. Ces sacs ont été envoyés à l’American Type Culture Collection (ATCC) (en anglais seulement), un centre de ressources biologiques dont la mission est de fournir aux scientifiques de plus de 150 pays des biomatériaux, des services et des normes pour faire avancer leurs recherches. L’ATCC effectuera une dernière étape de filtration et divisera ensuite le produit en 6 000 fioles. Celles-ci seront mises à disposition en tant que matériel de référence et distribuées aux scientifiques, à l’industrie et aux autres personnes qui en ont besoin.

En utilisant le vecteur lentivirus de référence du CNRC, les laboratoires du monde entier peuvent s’assurer que la qualité et la quantité des résultats obtenus sont comparables à celles d’autres études utilisant le même vecteur. Cette cohérence contribuera grandement à faire progresser les nouvelles immunothérapies contre le cancer.

En facilitant l’exploitation des recherches menées partout dans le monde, ce matériel de référence pourrait également ouvrir la voie à des immunothérapies qui ciblent d’autres maladies.

Renforcer l’expertise canadienne en matière de biofabrication

Aziza est très fière de l’impact que les efforts du CNRC en matière de lentivirus auront sur la lutte internationale contre le cancer. En outre, elle estime que le projet aura des retombées à long terme pour les recherches de son équipe.

« Nous avons appris des informations essentielles sur le procédé de production des vecteurs lentiviraux », explique-t-elle. « L’expertise que nous avons acquise au cours des 4 dernières années dans le cadre du projet sur les lentivirus nous aidera à améliorer la façon dont nous fabriquons d’autres vecteurs viraux à l’avenir. Elle nous permet également de développer de nouvelles compétences pour ce procédé de biofabrication et d’autres, ce qui pourrait contribuer à réduire le coût global des immunothérapies — l’un de nos principaux objectifs à long terme. »

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