Le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC) ont entrepris une nouvelle recherche en collaboration novatrice pour connaître les risques pour l'environnement des grenades fumigènes à main utilisées par les Forces armées canadiennes.
Le pilote d'un hélicoptère de reconnaissance survolant une base d'entraînement de l'armée pourrait à l'occasion des nuages jaunes, rouges, pourpres ou blancs s'élever du sol. Ces nuages pourraient provenir de grosses grenades fumigènes lancées par des blindés pour camoufler leur présence à des menaces aériennes – ou encore, être dégagés par des fusées lancées par des soldats pour signaler leur présence à l'hélicoptère allié.
Même si on sait que la fumée dégagée par les grenades s'infiltre partout, jamais encore on n'avait quantifié les risques des interactions des composants avec l'environnement. Deux chercheuses du CNRC, Nancy Perreault du Centre de recherche sur l'énergie, les mines et l'environnement et Fanny Monteil-Rivera, du Centre de recherche en développement des cultures et des ressources aquatiques ont entrepris un projet de recherche pour combler cette lacune, avec la collaboration de Sylvie Brochu, scientifique au Centre de recherche de RDDC de Valcartier, à Québec. Grâce à leurs travaux, le ministère de la Défense nationale (MDN) aura une meilleure compréhension des risques des fumigènes pour l'environnement.
« Nous collecterons des données pendant 4 ans pour conseiller le MDN sur les risques que les produits chimiques contenus dans les fumigènes à main posent pour l'environnement, et au besoin, nous lui proposerons des solutions pour atténuer leurs répercussions, de dire Sylvie Brochu. Le MDN doit s'assurer que son personnel pourra continuer d'utiliser ses champs de tir et ses terrains d'entraînement pour être prêt à défendre les intérêts du Canada au pays et à l'étranger. »
La chercheuse explique que RDDC travaille en collaboration avec le CNRC depuis les années 1990; à l'époque, les 2 organismes avaient entrepris des recherches d'avant-garde sur les incidences sur l'environnement des matières énergétiques, comme celles utilisées dans les explosifs et les agents propulsifs. Ces recherches qui ont conduit au développement de munitions technologiquement évoluées ayant une empreinte environnementale plus faible ont donné une impulsion à la R-D au sein de la communauté internationale des armements.
Écologiser les fumigènes
La mise au point de nouveaux composants a fait avancer la recherche sur les pyrotechniques fumigènes. L'équipe de recherche procède actuellement à des expériences en laboratoire pour évaluer l'écotoxicité et la filière de dégradation dans l'environnement des colorants utilisés pour créer de la fumée et leurs modèles de dissipation.
« Notre équipe de recherche multidisciplinaire a établi des protocoles normalisés pour caractériser les effets sur l'environnement de nouveaux composés développés par l'industrie militaire. Par exemple, pour étudier les effets d'un composé, les chercheurs du CNRC mèneront des essais sur des échantillons de la substance mélangée à du sol vierge pour connaître son potentiel de migration dans le sol, analyser comment il se dégrade sous l'effet du soleil et des micro-organismes, de mesurer sa solubilité et enfin d'établir sa toxicité sur les récepteurs des milieux terrestres et aquatiques comme les lombrics, les plantes et les bactéries marines. »
Le savoir scientifique du CNRC en chimie, en chimie analytique, en microbiologie, en biochimie et en écotoxicologie est essentiel pour mener une recherche aussi étendue sur les impacts et les risques environnementaux. La chercheuse de RDDC, Sylvie Brochu, souligne que grâce à la capacité du CNRC de mesurer l'écotoxicité et les interactions de différents composés avec le sol, il a aussi été possible de mettre au point des essais adaptés au climat canadien. « Les chercheurs du CNRC sont des maillons indispensables. Sans leur expertise, nous ne pourrions faire connaître au MDN les risques associés aux munitions utilisées dans les entraînements. »
Élaborer des normes internationales
Au fil des années de collaboration entre le CNRC et RDDC, les chercheurs canadiens ont acquis une renommée mondiale. Les recherches menées par les 2 partenaires ont donné lieu à plus d'une centaine de publications dans des revues à comité de lecture ouvert et quelque 500 conférences partout dans le monde. Leur savoir-faire a également été essentiel à un document de référence publié par l'OTAN.
« Nos travaux de recherche permettront de développer une technologie qui rendra les entraînements et les combats moins néfastes pour le personnel militaire et l'environnement se plaît à penser Sylvie Brochu. Le Canada pourra ainsi compter sur une force militaire bien entraînée et prête à défendre ses intérêts. »
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