L'industrie du transport transforme des déchets en richesse

- Ottawa, Ontario

Le verre trouve un substitut écologique grâce à des résidus végétaux

Ceux qui voyagent dans les trains à grande vitesse élégamment profilés de la planète pourraient bientôt constater qu’ils filent désormais dans des modèles plus légers et plus rapides grâce au nouveau matériau étonnant qui en renforce les éléments : la fibre de lin. Omniprésent dans les vêtements, le linge de table et le papier, le lin est en effet trois fois plus robuste que le coton et l’est autant – mais aussi considérablement plus léger – que le verre, un matériau que l’on retrouve en quantité dans les pièces des véhicules de transport terrestre.

En Amérique du Nord, on cultive le lin pour ses graines, sa tige étant ensuite le plus souvent abandonnée comme résidu agricole. Cependant, de nouvelles recherches se penchent sur des moyens inventifs pour que la paille de cette plante à fleur bleue devienne un produit de remplacement écologique à la fibre de verre, employée dans les portières, le capot et divers composants de l’intérieur des véhicules. En allégeant ces pièces, le lin réduira le coût de leur fabrication, ce qui, idéalement, en fera baisser le prix. La principale difficulté réside dans l’extraction, le conditionnement et l’adaptation des fibres afin que l’industrie des composites puisse s’en servir.

Dans cette optique, le programme Biomatériaux industriels, créé par le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) pour élaborer des technologies capables de convertir les déchets agricoles en produits commercialisables, s’est associé aux chefs de file de l’industrie canadienne afin de trouver comment des biocomposites de ce genre pourraient être produits massivement sur le marché industriel.

Un monde plus vert

Fabriquer les pièces de véhicules avec des matériaux légers présente plusieurs avantages appréciables. « Dans le domaine des transports, le poids constitue un facteur capital, car les véhicules plus légers consomment moins de carburant, donc libèrent moins de CO2 dans l’atmosphère », explique Johanne Denault, agente de recherche du CNRC au programme Biomatériaux industriels. « L’écologisation et la protection de l’environnement peuvent donc engendrer des économies elles aussi. »

Mme Denault rappelle que les États-Unis, l’Europe et d’autres régions du monde ont récemment adopté des lois appelant à la réduction des émissions de CO2 et à la conservation de l’énergie. Ces lois contraignent les sociétés qui souhaitent conclure un marché avec l’État à prouver qu’elles déploient des efforts pour « s’écologiser », en respectant la réglementation environnementale. Avec des déchets agricoles en abondance au pays et la capacité de les transformer en biomatériaux évolués, les industries canadiennes sont bien placées pour saisir une part des 500 milliards de dollars que représente le marché mondial des composites.

Bombardier Transport, Bombardier Produits récréatifs, Composites BHS, Sogel, Regitex, FDC Composites et Texel figurent parmi les partenaires industriels du CNRC qui œuvrent en étroite collaboration pour former une chaîne d’approvisionnement nationale, en mesure de fournir des stocks durables de biocomposites d’une qualité homogène, à un prix concurrentiel.

La recherche prend la route

Après avoir testé les fibres de lin dans les laboratoires de Boucherville, où l’on vérifie la performance des matériaux industriels sous divers angles, notamment leur toxicité, leur inflammabilité, leur compatibilité avec les résines polymériques et leur résistance à l’humidité, on s’est efforcé d’intégrer ces fibres à des pièces fabriquées selon les exigences des partenaires industriels. « L’utilisation de fibres naturelles dans le domaine des biocomposites représentait pour nous une aventure en terrain inconnu, heureusement l’expertise et le leadership du CNRC nous ont été d'une aide inestimable », souligne Christine Hainse, directrice du développement des produits à Texel, fabricant de non-tissés à usage technique.

Martin Bigras, ingénieur principal en composites à Bombardier Transport, considère ce projet avec fierté. « Nous cherchons sans cesse comment mieux protéger l’environnement, déclare-t-il. En utilisant des biocomposites, nous ne faisons pas que recycler des résidus agricoles, nous effectuons notre part pour la R-D canadienne. »

Les partenaires étudient maintenant la capacité des fibres de lin présentes dans les biocomposites à absorber le son – une propriété excitante qui permettrait de rehausser le confort des passagers. Avec un tel esprit d’équipe et des résultats aussi prometteurs, une collaboration cruciale comme celle-ci sèmera manifestement les graines de maintes solutions écologiques de demain.

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