C'est un fait bien connu depuis de nombreuses années : consommer des oméga-3 apporte de nombreux bienfaits pour la santé. Ces acides gras atténuent les risques de maladies du cœur et de cancer et diminuent le taux d'obésité.
Malheureusement, ce n'est pas tout le monde qui peut consommer des oméga-3 dans leur forme naturelle (on les trouve dans certains poissons, un aliment qui ne plaît pas à tous, de même que dans les noix, un allergène courant). C'est pourquoi au cours des dernières années des producteurs d'aliments fonctionnels ajoutent des oméga-3 aux œufs et à d'autres produits, en enrichissant l'alimentation des animaux.
Qu'en est-il du lait?
Il s'avère que pour créer du lait enrichi d'oméga-3, il ne suffit pas de nourrir des vaches laitières avec de grandes quantités de graines de lin. Traditionnellement, les bons acides gras du lin ne peuvent pas traverser le tube digestif de la vache sans détérioration et parvenir intacts jusqu'au lait, puis au consommateur.
Mais grâce au Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI CNRC), l'entreprise Oleet Processing de Regina (faisant affaire sous le nom d'O&T Farms) a réussi à surmonter avec brio ce défi.
Le défi et la science en coulisses
Bien que les vaches adorent manger des graines de lin, les oméga-3 que l'on trouve dans cet oléagineux ne parviennent pas jusqu'au lait.
En effet, les microorganismes présents dans l'estomac du ruminant dégradent le gras polyinsaturé oméga-3 avant qu'il soit digéré dans la partie inférieure de l'intestin.
Afin de remédier à ce problème, Oleet a conçu un procédé novateur d'extrusion à sec qui aide à protéger le gras oméga-3 pendant son passage dans le système digestif de la vache (regardez cette vidéo décrivant le processus - disponible en anglais seulement).
Le processus d'extrusion à sec fait éclater la graine et l'encapsule simultanément dans une protéine qui protège les éléments nutritifs. Oleet a baptisé ce produit LinPRO-R.
Les premiers essais menés avec LinPRO-R ont donné des résultats positifs. Les vaches ont semblé aimer le nouvel aliment et Oleet a enregistré des niveaux nettement plus élevés d'oméga-3 dans le lait.
Malgré ces résultats encourageants, l'entreprise était préoccupée par les répercussions à long terme du nouvel aliment sur les niveaux de production de lait. De plus, cet aliment plaisait-il vraiment aux vaches?
« Les agriculteurs sont peu enclins à prendre des risques, et les vaches laitières sont coûteuses, » explique Colleen Christensen, conseillère en technologie industrielle (CTI) du PARI CNRC. « Les producteurs laitiers ne veulent pas causer de stress ou nuire à leurs animaux. D'un point de vue éthique, ils souhaitent que leurs bêtes se sentent bien et évitent de changer leur alimentation sans être sûrs que la quantité de lait produite n'en souffrira pas. »
« Sachant que LinPRO-R pouvait augmenter la concentration d'oméga-3 dans le lait de consommation, nous devions nous assurer que ni la production de lait ni la proportion de matière grasse dans le lait, qui sert à calculer la rémunération de l'éleveur, ne diminueraient », explique Rob Dreger, directeur des ventes et du marketing chez Oleet.
La seule façon d'obtenir des réponses était de faire des tests en laboratoire.
Le financement de la recherche par le PARI CNRC
Oleet avait besoin d'un partenaire pour financer la recherche sur les effets biologiques et sur l'efficacité de LinPRO-R.
L'entreprise s'est tournée vers le PARI CNRC pour faciliter un projet de recherche mené à l'Université de la Saskatchewan.
Ce partenariat a permis à une étudiante de cycle supérieur de réaliser une recherche d'un an sur les répercussions de la consommation de graines de lin extrudées sur la santé des vaches et sur la production laitière.
Le projet a été mené dans des installations de recherche, du milieu de l'année 2014 au milieu de l'année 2015, avec un petit nombre d'animaux.
« Il est important pour une petite entreprise privée de s'associer à une université, où l'on trouve des professionnels chevronnés possédant le savoir-faire nécessaire et l'infrastructure de recherche requise, explique Mme Christensen.
Les recherches menées à l'Université de la Saskatchewan ont donné de la crédibilité aux résultats. Tout réside dans la complexité. Il s'agissait d'une expérience réellement très complexe. »
Des résultats positifs
Les recherches menées à l'Université de la Saskatchewan ont permis d'établir que le nouvel aliment n'avait aucune répercussion négative sur la production. Au bout du compte :
- Oleet avait les données scientifiques dont elle avait besoin pour accroître ses ventes;
- les éleveurs (les clients d'Oleet) avaient la preuve que le produit était inoffensif pour le bétail et qu'il ne réduisait pas la production de lait;
- les consommateurs disposaient de lait enrichi d'oméga-3 permettant de contrer diverses maladies;
- une étudiante a décroché sa maîtrise, pour ensuite être embauchée par Oleet.
En d'autres mots, tout le monde y a gagné : Oleet, ses clients et leurs vaches, les consommateurs et l'effectif de l'entreprise.
Une fois les résultats des analyses connus, les ventes de LinPRO-R ont doublé (passant de 574 000 $ à 1,28 million de dollars) en six mois et les ventes au Canada et aux États-Unis ont considérablement augmenté.
Parallèlement, la production accrue de lait enrichi d'oméga-3 en Amérique du Nord a permis d'élargir l'éventail des choix alimentaires, y compris pour les produits laitiers comme le fromage, la crème, la crème glacée, le yogourt et le beurre.
Conséquemment, les ventes de LinPRO-R continuent d'augmenter d'année en année, ayant atteint les 1,9 million de dollars pour l'exercice 2017–2018, une hausse de 22 % par rapport à l'exercice 2016-2017.
« Le PARI CNRC était le programme idéal pour nous. Les recherches universitaires ont prouvé la valeur commerciale du produit, ce qui en a accru les ventes sur le marché. »
La suite des choses
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis le projet de recherche initial d'Oleet.
L'entreprise travaille maintenant à trouver des marchés d'exportation, ayant effectué aux États-Unis des essais commerciaux qui ont donné des résultats positifs semblables à ceux de l'étude universitaire menée au Canada. (Remarque : les essais conduits aux États-Unis n'ont pas été financés par le PARI CNRC.)
« Aux États-Unis, la production laitière est une énorme industrie comprenant des centaines de milliers d'animaux. La meilleure façon de faire accepter un produit par le marché est donc la recherche », explique Mme Christensen. Des clients utilisent désormais les aliments d'Oleet pour créer et commercialiser toute une gamme de produits laitiers.
Oleet a augmenté la production de ses installations de Regina d'environ 30 % pour répondre à la demande des États de la Californie et du Wisconsin.
« Oleet est une entreprise très avant-gardiste et il est encourageant de voir que les clients qui achètent son produit sont si satisfaits qu'ils créent de nouvelles gammes de produits, ajoute Mme Christensen. C'est là l'essence même de la mission du PARI CNRC : investir dans des entreprises comme Oleet et les aider à devenir plus concurrentielles. »
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