Inondations fréquentes. Feux de forêt soudains. Sécheresses dévastatrices. Fonte du pergélisol. Telles sont les réalités quotidiennes du Canada, provoquées par une augmentation mondiale de la température causée par des changements climatiques profonds.
Ces nouvelles réalités mettent également en péril les bâtiments et les infrastructures publiques. Les tours, les ponts, les routes, les systèmes d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, les réseaux de transport d'énergie et de transport en commun sont construits à l'aide de codes et de normes fondés sur des données météorologiques et climatiques historiques, et non sur celles d'aujourd'hui.
Heureusement, la science peut nous aider à nous adapter à ce contexte changeant. Le Canada fournit des conseils, des outils et des normes pour que les projets d'infrastructure soient durables, y compris les travaux de rénovation et de mise à niveau, afin d'aider les collectivités à renforcer leur résilience, à réduire les risques de catastrophe et à faire des économies sur les coûts à long terme. L'objectif est de veiller à ce que les structures nouvelles et existantes continuent à soutenir la santé, la sécurité et la prospérité des Canadiens et Canadiennes dans le contexte climatique actuel et à venir.
« Le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) est particulièrement bien placé pour entreprendre une telle initiative tournée vers l'avenir, indique Marianne Armstrong, chef de l'Initiative sur les immeubles résilients aux changements climatiques et les infrastructures publiques de base (IRCCIPB). Nous avons une longue expérience dans le domaine des infrastructures et de la science du bâtiment, et nous pouvons nous appuyer sur des capacités de recherche et des installations reconnues à l'internationale. »
Sur place, le CNRC peut mettre à l'essai et surveiller une vaste gamme de systèmes d'infrastructure, y compris les systèmes de traitement des eaux usées, les façades et les toits de bâtiments, ainsi que les ponts. « Nous sommes également en mesure de mener des recherches dans le domaine du génie des océans, des côtes et des rivières afin de prévenir les inondations, et d'appliquer les connaissances les plus récentes dans le domaine de la science du feu dans le but d'atténuer les répercussions des incendies de forêt », ajoute Mme Armstrong.
Créer une culture de la résilience
La prise de conscience de ces enjeux a mené à la création de l'IRCCIPB, qui s'est déroulée de 2016 à 2021. Grâce à un financement de 42,5 millions de dollars d'Infrastructure Canada (INFC), les activités de cette initiative, menées sous la direction du CNRC, ont permis de soutenir le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques du gouvernement du Canada.
De concert avec plus de 200 collaborateurs, le CNRC a conçu des outils pratiques pour aider l'industrie canadienne de la construction à relever les défis de l'avenir. Les partenaires comprenaient des ministères provinciaux et territoriaux et des organisations municipales, de même que des experts nationaux et internationaux du secteur universitaire ainsi que de sociétés de génie-conseil, de l'industrie, d'organisations à but non lucratif et du milieu de la climatologie.
Les partenaires ont apporté des améliorations et intégré la résilience climatique aux codes, aux normes, aux directives et aux outils d'aide à la prise de décisions fondées sur le cycle de vie, dans le domaine des routes, des réseaux d'alimentation en eau potable et d'évacuation des eaux usées, des ponts, du transport ferroviaire et du bâtiment. Ces outils contribueront à faire en sorte que les bâtiments et les infrastructures publiques de base au Canada soient conçus et construits pour résister aux effets des changements climatiques, de manière à réduire les risques pour les Canadiens et Canadiennes.
Ces collaborations fructueuses sur une période de cinq ans ont déjà des retombées positives. Par exemple, les partenaires ont :
- élaboré des données de conception climatique prospectives pour plus de 660 sites au Canada, afin d'aider les concepteurs de bâtiments et d'infrastructures à intégrer la résilience aux climats extrêmes et aux phénomènes météorologiques extrêmes;
- permis la publication de cinq nouvelles normes canadiennes, dont la première du genre au monde pour les toitures étanches : Exigences de performance pour la résilience climatique des systèmes de toiture à membrane à faible pente;
- formulé 50 propositions de modifications du Code canadien de l'électricité (CCE), dont cinq ont été mises en œuvre dans l'édition de 2021;
- publié le premier Guide national sur les incendies en milieu périurbain;
- accru la résilience des bâtiments neufs et existants au moyen de recherches sur la prévention de la surchauffe et l'amélioration de la résistance de l'enveloppe des bâtiments;
- amélioré la résilience des infrastructures nouvelles et existantes en mettant à jour le Code canadien sur le calcul des ponts routiers (CCPR) de 2019 et 2025, qui était fondé en partie sur les données climatiques des années 1970 (le nouveau code pourrait avoir des répercussions sur 175 projets par année uniquement en Ontario);
- formé la prochaine génération de praticiens et de chercheurs grâce à des collaborations avec des universités.
Consolider les fondations
Une étude coûts-avantages (PDF, 1 Mo) (en anglais seulement) réalisée par l'Institut de prévention des sinistres catastrophiques et SPA Risk LLC a démontré que, tout bien considéré, la conformité aux documents d'orientation élaborés par l'IRCCIPB coûterait près de 400 millions de dollars de plus en construction, mais permettrait de faire économiser au Canada environ 4,7 milliards de dollars par an en nouvelles constructions. Ce rendement potentiel des investissements représente une économie de près de 12 dollars pour chaque dollar investi.
La réussite de l'IRCCIPB a consolidé le partenariat du CNRC avec INFC et a généré 35 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans pour la réalisation de collaborations qui s'appuient sur les travaux de base et le succès de l'Initiative. Ces collaborations permettront d'enrichir les connaissances et le réseau international d'expertise acquis au cours de l'IRCCIPB et de continuer à soutenir l'intégration de la résilience climatique dans les infrastructures publiques en fournissant des données pour l'amélioration des codes de construction et des documents d'orientation normalisés.
Ainsi, l'Initiative et sa suite fourniront au secteur de la construction du Canada les outils, les connaissances et les capacités requis pour permettre une résilience essentielle aux évènements météorologiques extrêmes de demain.
« L'IRCCIPB et notre travail continu sur ces questions ont fait progresser de manière considérable le domaine de l'adaptation aux changements climatiques des infrastructures publiques, conclut Mme Armstrong. Cela renforce également la position du CNRC en tant que leader mondial dans ce domaine. »
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