Les fondations sur lesquelles repose la science se construisent pierre par pierre, le travail des générations qui a précédé ouvrant souvent la voie à d’importantes découvertes par nos contemporains. Chercheur de renommée mondiale, Frank Graham est un pionnier de la virologie moléculaire et de la thérapie génique, surtout pour ses travaux sur l’utilisation d’adénovirus comme vecteurs pour le transfert et l’expression de gènes étrangers dans des cellules de mammifères.
Il a entamé sa carrière en biologie en 1975, à l’Université McMaster à Hamilton, où il a été souvent cité pour ses recherches sur les mécanismes de mutations oncogènes induites par des adénovirus.
Au début des années 1970, avant ses débuts à l’Université McMaster, M. Graham a fait un stage de boursier postdoctoral aux Pays-Bas, puis est entré comme chercheur adjoint au laboratoire d’Alex van der Eb, un chercheur hollandais. Il y a mis au point un procédé de transfection par phosphate de calcium pour introduire de l’ADN étranger dans des cellules eucaryotesNote de bas de page 1. Cette technique lui a permis d’établir la taille et l’emplacement de gènes transformants exprimés par des adénovirus humains (soit des gènes viraux à potentiel oncogène)Note de bas de page 2 et de créer la lignée cellulaire HEK293 qui renferme et exprime les gènes transformants de l’adénovirus humain de type 5 (Ad5)Note de bas de page 3. Cette lignée cellulaire aux qualités uniques est aujourd’hui largement utilisée dans les laboratoires de recherche universitaires et par des entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques partout dans le monde.
À son retour au Canada, M. Graham a poursuivi ses travaux de caractérisation de la lignée HEK293 et a réalisé de nombreux projets de recherche en collaboration avec ses collègues de l’Université McMaster afin de développer une riche bibliothèque de vecteurs à base d’Ad5 utilisés pour le transfert d’ADN et produire des vaccins à partir de vecteurs viraux recombinantsNote de bas de page 4.
Il a entre autres travaillé avec Ludvik Prevec à un projet où il a mis au point un vecteur Ad5 exprimant des antigènes du virus de la rage, à l’origine d’un vaccin antirabique délivré dans un appât largement utilisé au Canada et aux États-Unis pour limiter la propagation de la rage dans la fauneNote de bas de page 5. Ces vecteurs, ainsi que d’autres vecteurs développés ailleurs, ont été conçus de manière à tronquer les gènes viraux transformants et à ne pas pouvoir proliférer dans des cellules autres que celles de la lignée HEK293. Ils offrent donc une innocuité relative qui permet leur utilisation pour la production de vaccins pour humain.
Depuis les années 1970, la recherche mondiale sur la lignée HEK293 a réalisé d’importants progrès. Le CNRC, par exemple, en a développé un clone exclusif — HEK293-SF-3F6 — possédant des propriétés reconnues qui en font un candidat très efficace pour développer des vaccins et des thérapeutiques pour usage chez l’humain.
Professeur émérite aux départements de biologie, de pathologie et médecine moléculaire de l’Université McMaster, Frank Graham a reçu le prix Robert L. Noble de la Société canadienne du cancer ainsi que le prix de professeur distingué de son établissement. Membre de la Société royale du Canada, il a pris sa retraite en 2003 et profite désormais à l’année du soleil de l’Italie.